La vieille église de la Comelle

Roland Niaux

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Voir aussi l'article : La Comelle

Une carte postale, datant de 1901 ou 1902, nous montre l’ancienne et la nouvelle église de La Comelle, l’ancienne, en cours de démolition, la nouvelle, venant d’être achevée. Cette dernière avait été consacrée par le cardinal Perraud, évêque d’Autun, le 19 septembre 1901.

Légende originale :

La Comelle s. Beuvray - L'ancienne et la nouvelle Eglise

La superposition des plans cadastraux de 1842 et de 1964 permet de situer avec précision l’emplacement de l’ancienne église ainsi que ses dimensions. Placée sous le vocable de l’Assomption de la Vierge, régulièrement orientée, elle avait une longueur totale de 23 m. Sa nef mesurait 8 m de large. Une chapelle latérale de 9 m de largeur faisait saillie de 3 ou 4 m sur le mur nord de la nef :

L'ancienne église de La Comelle

(Document : Danielle Develay)

Cette église était implantée sur la terrasse faisant face à l’entrée de l’édifice actuel. Leurs deux axes faisaient un angle de 60 degrés, ouvert vers le sud-est. Les points les plus proches des deux monuments étaient distants de 8 m. Le monument aux morts de la guerre se situe sur la chapelle nord de l’ancienne église.

La photo des ruines ne permet pas une datation précise de la vieille église mais on sait qu’il en existait une au XIe siècle. Elle fut probablement bâtie sur un sol riche en vestiges gallo-romains. Quatre ou cinq stèles funéraires antiques se dressaient face à la porte d’entrée, le long du cimetière abandonné depuis 1852. Que sont-elles devenues ?

Une fontaine consacrée au culte de saint Nicolas coulait à 15 m au nord-est du chevet, au milieu d’un carrefour. C’est aujourd’hui un puits soigneusement fermé, suivi d’un lavoir, en bordure sud de la route départementale 262.

La nef et le clocher étaient, semble-t-il, d’époque romane. La nef, toutefois, avait été en grande partie reconstruite au début du XVIIIe siècle et agrandie d’une chapelle en 1789, par les bons soins de Joseph de Mollerat, seigneur du Jeu.

Plusieurs raisons expliquent la décision de démolir l’ancienne église. Elle était très humide, son pavé étant sensiblement plus bas que le sol environnant. Sa vétusté exigeait des travaux urgents et coûteux. Elle était devenue beaucoup trop petite pour une population unanimement pratiquante et qui était passée de 546 habitants en 1806 à 1014 en 1901 (en 1990, il n’en restait que 232). Enfin et surtout, on avait peu de goût pour les monuments anciens et, de ce fait, aucune hésitation à les sacrifier.

L’achat du terrain, le gros oeuvre et le mobilier nécessaires au nouveau lieu de culte coûtèrent 85.000 francs, sur lesquels l’État alloua 6.000 francs et le Conseil de Fabrique 6.000 francs également.. Les 73.000 francs manquants furent pourvus par la générosité des paroissiens.

On ne conserva du vieux monument qu’une petite colonne à chapiteau roman dont on fit un bénitier pour l’église nouvelle et un tabernacle en bois sculpté d’époque Louis XV pour les fonts baptismaux.

Les deux cloches, pesant 594 et 344 kg avaient été fondues dès 1881. Tout le reste fut détruit, les matériaux provenant de la démolition ayant été adjugés 6 francs !

© Roland Niaux, ca 2000 (Publication électronique : août 2006)

Bibliographie :

Archives de la commune de La Comelle.

A. de Charmasse, Cartulaire de l’Eglise d’Autun, Autun, Dejussieu, 1865, t. I-II, n°LXVIII, p. 148 ; Nécrologe, p. 327 ; t. III, 1900, n°CLXXV, p. 298.

A. de Charmasse , Cartulaire de l’Evêché d’Autun, Autun, Dejussieu, 1880, p. 365.

Abbé C. Courtépée, Description du duché de Bourgogne, Dijon, Lagier, 1847, t. II, p. 562-563.

J.-F. Baudiau, Le Morvan, T II, Paris, Guénégaud, 1865, p. 384.

H. Graillot : Poculum et Lagena, M.S.E., XXX, 1902, p. 253.

M.S.E., 1923, XLIV, 4°fasc., PV des séances p. 413.

Vte. Emmanuel du Jeu : 1906 (Bibliothèque de la Sté Eduenne, 1991, acq. 18)

viviane niaux, éditeur

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